NOW IN ENGLISH!! I will try to always have the english version following the french one so everyone can read! Enjoy!
La version anglaise suivra le texte francais!
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La version anglaise suivra le texte francais!

Monday, May 24, 2010

Rolland Garros

17h30, la foule silencieuse a les yeux rivés sur le coordonnateur qui s'
élance pour un service. De l'autre côté du terrain, la logisticienne
anticipe déjà le parcours de la balle. Il lance la balle dans les airs et au
moment où il s'élance pour le service, un troupeau de bétails ne fait pas
attention aux délimitations du terrain et coupe le terrain pour passer. -
pause - On récupère la balle. C'est reparti. Il lance la balle dans les
airs au dessus de lui, s'élance pour le service, et c'est parti. La balle
traverse le filet et atterrit dans la zone de service. La logisticienne
analyse l'angle de la balle et se place ou la balle devrait aller. Elle se
prépare à renvoyer la balle avec un revers digne des sours Williams lorsque
la balle, comme si elle avait une volonté qui lui appartenait, touche le sol
et change son parcours à 45 degrés et fait son deuxième bond à 3 mètres de
la logisticienne. La foule éclate de rire, la logisticienne aussi. On est
encore à quelques étapes du terrain plat et parfait de Rolland Garros. Le
terrain Kabo se trouve juste en face de la base, dans un endroit dépourvu d'
arbres sur le terrain vague entre la base et le centre de santé. Le terrain
n'est pas nivelé ni très propre. À chaque jour les expats nous attachons le
filet à 2 morceaux de bois bien enfoncé dans la terre (filet de délimitation
en plastic orange avec 2 cordes pour tenir le filet tendu). Nous traçons les
délimitations du terrain avec nos souliers dans la terre tapée. On essaie de
balayer le terrain des branches et des déchets puis avec 2 raquettes de
pieutes qualités on joue quelques 2 heures, jusqu'au coucher du soleil.
Parfois les « ball boys » sont plus motivés que d'autres, mais à chaque fois
on attire les foules. Ils viennent voir les « moujous » jouer à ce jeu
étrange qu'il ne semble pas très bien comprendre. Dans des élans de
distraction, il arrive que les villageois marchent carrément sur le terrain
et que les enfants décident tout à coup de s'assoir à l'intérieur des
délimitations. C'est plutôt drôle et les autres villageois se chargent de
les faire bouger en dehors du terrain.

Avec la qualité du terrain et des raquettes, on retournera chacun chez soi
et la prochaine fois qu'on jouera sur un « vrai » terrain de tennis, on sera
des experts à anticiper la réaction de la balle! Prochaine étape, Rolland
Garros, le vrai!

Sunday, May 16, 2010

C'est bon la pluie

Que c'est bon la pluie.

C'est la fin de la saison sèche et le début de la saison des pluies. En
fait, ça fait maintenant plusieurs mois que le soleil plombe sur le sol
rouge et depuis mars-avril, la température grimpe jusqu'à 42-43 °C à l'
ombre. Ma première semaine, je devais prendre plusieurs douches par jour
pour survivre. Ensuite, je commençais à m'y faire, mais vers 15 h, mon corps
arrêtait et j'étais incapable de faire quoi que ce soit pour 5-10 minutes. J
'avais chaud. Puis l'insoutenable passait et la journée continuait. Enfin
vint le premier orage. Ça faisait déjà deux jours que de nombreux éclairs se
faisaient voir au loin. On entendait le tonnerre en sourdine, jusqu'à ce que
la sourdine s'enlève. PATOWF! Un tonnerre plus puissant que je n'ai jamais
vécu avant et le craquement intense de l'énergie au dessus de nos têtes
pouvaient durer plus de 30 secondes. Puis la pluie. Des chaudières et des
piscines d'eau se déversant sous le rythme effréné des craquements de
tonnerre. Il n'y a pas un pays industrialisé où j'ai entendu un tonnerre d'
une puissance pareille. Donc sous la bagotte, je voyais les éclairs qui
donnaient l'impression de se bagarrer pour pouvoir avoir leur partie du
ciel, le sol rouge qui se remplissait d'eau à vue d'oil, les immenses arbres
dont les manguiers qui laissaient tomber leurs mangues sous la pression des
jets d'eau venant du ciel et le tout sous une cacophonie de grondements et
de craquements incessants. Petite prise de conscience : je suis dans une
petite place isolée et loin en plein milieu de l'Afrique. Impressionnant
quand même!

La meilleure chose après ce spectacle grandiose, c'est que le thermomètre
affichait un bon 10-15 degrés de moins. Je me rappelle m'être dit : « c'est
bon, la pluie a commencé, la température ira à la baisse maintenant ». Le
lendemain matin un soleil dans toute sa forme meublait le ciel vide de nuage
et le thermomètre afficha 45 cette journée!! Trois semaines plus tard, après
une soirée avec aucun souffle de vent, aussi minime soit-il, une chaleur
insoutenable se fait sentir. Heureusement, en me fiant aux bruits et
tremblements, le ciel semble s'être fendu et je crois que la pluie arrivera
directement de l'au-delà aujourd'hui!

Différences

J'ai déjà dit à quelques reprises que mon adaptation à l'Afrique s'était
bien passée. Ce n'est pas que je ne remarquais pas les différences, mais
plutôt que les différences ne me choquaient pas je ne les voyais pas comme
différences. Ça doit être un moyen de me protéger que j'ai acquis avec les
années, un genre de réaction d'autruche. Par contre, il y a une chose ici
qui m'a « choquée » et à laquelle je ne m'habitue pas; les cochons. Sous la
bagotte, l'endroit ou on mange, parle et relax, on peut entendre les cochons
de l'autre côté de la clôture en sarigani (genre de paille-bois tressé). Le
son si gracieux (not) qu'émettent ces bêtes à 3-4 mètres d'où nous sommes
assis nous fait souvent sursauter le soir. Dans la rue et dans les sentiers,
les cochons sont partout. Dans plusieurs pays, les cochons sauvages sont
extrêmement dangereux et c'est peut-être avec cette idée en tête que même
après un mois, à chaque fois que j'en croise un, le cour m'arrête pour une
seconde et la méfiance se fait sentir. C'est étrange, tout peut être vu
comme « normal »; la manque d'électricité, le paysage, les maisons en
briques et en paille, mais les cochons, non.

Une fois la routine installée et que je suis bien établie, je repasse les
différences une par une dans mes moments de pause. Il y a les arbres vert et
garni qui poussent dans une terre qui semble n'être rien d'autre que du
sable et de la poussière bien condensés. Il y a aussi les flamboyants. ces
arbres immenses aux fleurs rouges qui surplombent une partie de la
concession et le terrain en face de la base. Il y a tous ces papillons de
formes et couleurs différentes et bien sur l'éventail d'insectes de
minuscule à immense (10cm). Même si je n'en ai pas encore vu, la population
de serpents se fait sentir et de plus en plus de victimes de morsure de
serpent se présentent au centre de santé. Sinon, il y a cette chaleur que j'
ignorais obstinément, mais après un mois elle surgit dans mon esprit comme
une incongruité à ma réalité montréalaise. Certains jours le vent souffle et
c'est franchement agréable. D'autres jours, lorsque l'air est stagnant, je
ne peux me sentir ailleurs qu'au centre de l'Afrique, à des milliers de
kilomètres de ma mère patrie. Cette impression se renforce lorsque l'équipe
va se promener le soir vers 17h. On marche dans la rue et c'est comme le
spectacle pour tous. « Attention attention, les 'moujou' sont en cavale »!
Disons qu'on détone avec notre peau blanche et nos cheveux clairs. On
détonne tellement que les très jeunes enfants pleurent de peur si on les
regarde trop longtemps! Heureusement que les plus vieux n'ont surtout pas ce
problème et se font un plaisir de nous saluer et de nous serrer la pince!

C'est avec les différences qu'on crée une variété, n'est-ce pas!

Sunday, May 9, 2010

Pick Palu

Pick Palu

Lorsque j'entendais parler du paludisme (la malaria), je le voyais comme une
maladie très grave et je pensais qu'à partir du moment où il est contracté
la personne se trouve déjà en danger de mort. J'ai appris qu'en effet, le
paludisme est une maladie grave, mais lorsque traiter avec l'arrivé des
premiers symptômes (mal de tête, douleur musculaire et fièvre) il peut être
traité à l'intérieur de 24 heures. Surprenant quand même. Juste la semaine
dernière, trois staff ont eu le palu et ont dû manquer le travail pour une
journée. Par contre, la malaria semble frapper plus fort pour les expats
(blancs vivant dans un monde aseptisé), ce pour quoi la plupart prennent un
médicament de prévention.

Ça, c'est dans le meilleur des cas. L'hôpital est à côté du bureau. Aussitôt
que tu ne te sens pas bien, tes collègues et supérieurs t'empressent d'aller
te faire examiner et si c'est positif, vite à la maison pour se reposer avec
les médicaments adéquats pour te soigner. Même pour les villageois ici, l'
hôpital est proche, les médicaments gratuits et la sensibilisation se fait
de façon régulière depuis environ quatre ans. Je ne doute pas qu'ils
attendent surement une journée de plus quand même parce qu'ils sont aux
champs ou leur travail ne peut simplement pas se passer d'eux. Mais quand
même, les gens savent que plus t'attends pire c'est.

Ensuite, de mon coté, je pense aux habitants qui vivent sur les différents
axes. La sensibilisation couvre quand même la plupart des axes, mais si la
maman de 5 enfants tombe malade et qu'elle vie à 20-30km du poste de santé
le plus proche, c'est une autre paire de manche. Le matin elle et son
nouveau né sur le dos partent pour une demi-journée de marche avec la
fièvre, les douleurs musculaires et le mal de tête pour se faire soigner. Ce
n'est pas difficile de voir qu'il est possible que cette femme se repose à
la maison et que la maladie s'empire rapidement.

Tout le monde ici parle du pick palu. On se prépare pour le pick palu et
tels sont les estimés pour le pick palu et l'an dernier le pick palu est
arrivé à telle date. Il semble qu'à partir du début de la saison des pluies,
les cas de paludisme augmentent jusqu'à un point dans le temps ou l'
augmentation est intensifiée pour une courte période pour ensuite
redescendre. C'est le pick palu. L'an passé il paraît qu'il est survenu en
juillet. Cette année on ne sait pas, mais il frappera c'est sur.

Saturday, May 1, 2010

Distribution NFI

Lundi matin 5 h 30. La sonnerie se fait tranquillement entendre et en l'
instant d'une seconde j'énumère déjà tout ce qu'il faut que prépare pour le
contrôle de la population de déplacés. Ce contrôle se fait pour vérifier les
listes des familles que les chefs de village nous ont remises afin de leur
remettre des kits NFI (non-foods items). Ces kits sont constitués d'une «
bash », de matériel de cuisine de base, de moustiquaire, de savon et de
couverture. Nous avons déchargé le camion venant de la capitale samedi. Il y
avait les NFI de MSF et ceux que UNICEF nous a donnés. Des biens pour plus
de 550 kits. Il nous a fallu plus de trois heures et 6 hommes pour tout
décharger et tout comptabiliser. En même temps, une voiture amenait les
hommes déplacés dans la forêt pour leur permettre de couper le bois
nécessaire pour bâtir la structure de leur abri. Le dimanche, on commençait
à monter les kits. Les dimanches sont habituellement congés pour tous, mais
pas ce dimanche-là. Donc lundi matin je me lève et m'assure que tout est
prêt, tout est chargé dans la voiture et toute l'équipe y est. Je donne mon
briefing au magasinier qui supervisera les journaliers qui continuent à
monter les kits et je parle aux chauffeurs qui s'en vont en périphérie. Le
niveau de stress est encore bon.

Arrivés sur le site où le contrôle se tiendra (sous un gros arbre), des
employés ont commencé à délimiter la zone de contrôle à l'aide de ruban
rouge et blanc. Le premier village à contrôler compte environ 1400
personnes. 10 lignes avec 10 tables et 10 personnes qui contrôleront la
liste de ménage famille par famille. De mon côté, je fais mon briefing et je
fais le tour des 14 employés pour m'assurer que chacun connaît son rôle. La
population commence à arriver et à se rassembler dans l'ombre de l'arbre.
Lorsque toute la population du premier village est arrivée, on les fait
traverser dans la zone balisée pour commencer le contrôle. 1400 personnes c'
est beaucoup! Tout s'est bien passé et pour faire les 5 autres villages nous
pouvions diminuer de moitié notre chaîne de contrôle vu la population moins
nombreuse des autres villages. J'étais entourée de familles africaines. D'un
côté les familles qui passaient le contrôle et de l'autre les familles qui
attendaient leur tour. Plus de 2500 personnes rassemblées dans l'ombre d'un
arbre. C'était sans contredit une des expériences les plus culturellement
éloignées de ma réalité montréalaise!

Le lendemain, on commençait la distribution. Chaque famille avait reçu un
ticket lors du contrôle. Ça lui permettait de recevoir un ou deux kits,
dépendamment de la grosseur de sa famille. Le coordonnateur terrain et moi
nous sommes rendus sur le site des déplacés et avec l'aide de 2 employés
MSF, des chefs de villages et de voitures MSF, nous avons fait le tour des
structures déjà construites pour leur distribuer les biens nécessaires à
leur vie quotidienne. Dès le premier kit donné je suais déjà et cette
distribution s'est passé sous le soleil infatigable le la République
Centrafricaine pendant l'une des journées les plus chaudes que j'ai jamais
expérimentées. À 13h j'étais brûlée (littéralement) et j'ai dû laisser le
coordonnateur terminer le village que j'avais débuté. Le lendemain à 11 h
tous les villages avaient reçu leurs NFI et nous sommes revenus à la base
pour continuer le travail régulier.

En tant que logisticien, c'est plutôt rare que nous ayons la chance d'être
directement avec la population. En général, les médecins et les infirmières
travaillent à l'hôpital et traitent les patients alors que les logisticiens
sont à la base et organisent toute la logistique pour que ces sauveurs de
vies puissent faire leur travail. Inutile de dire que l'expérience de la
distribution fut agréable et très enrichissante tant au niveau professionnel
que personnel.