pour mon long weekend en capitale. À l'aller, l'aridité du paysage m'avait
frappé. Du sable, une route goudronnée, quelques arbustes essayant de
profiter des deux gouttes d'eau qu'ils avaient reçue il y a une semaine. Les
villages me semblaient déprimants, sans vie. Les huttes rondes recouvertes
de tissus pour ne pas attirer le soleil semblait avoir poussé avec la même
difficulté que ces pauvres arbustes. Bref, ma première impression ne fut pas
des plus positives. En arrivant sur le projet, une déception en attirait une
autre et les aberrations sur le mauvais fonctionnement du projet m'asséchaient
l'âme jour après jour. Après trois semaines et malade depuis 4 jours, je
voulais partir. Sans Pablo je crois que je serais partie.
Petit à petit, certaines facettes de mon travail commençaient à mieux
rouler. Après une multitude de réunions avec mon staff, les mauvaises
habitudes commençais à s'estomper (légèrement, pas complètement!!). La
structure organisationnelle était à peu près respectée et je commençais à
retrouver le sourire le soir venu. Nous nous sommes presque entendus entre
expats pour moins parler du travail le soir pour ne pas avoir cette
frustration continue qui nous ronge toute possibilité d'être bien. Après six
semaines, je pouvais enfin percevoir avec un soupçon de positivisme l'idée
de passer six mois dans ce projet. Durant ces six semaines, il a plut. Il a
plut beaucoup.
J'étais donc sur la route du retour. La verdure était apparue à perte de
vue. Les chameaux s'abreuvaient dans les étangs formés par la dénivellation
de la terre. J'avais l'impression que mon état d'âme s'étendait à travers
les plaines de la région somalienne. L'espoir était revenu et je pouvais
enfin concevoir être à peu près bien dans ce projet maudit! Les racines s'étaient
formées et tranquillement les plantes poussaient pour s'étendre vers le
soleil.
Mais il ne faut pas non plus rêver à l'impossible. La saison des pluies ne
dure que deux mois. Le projet ne sera jamais le projet de ma vie. Les
frustrations et les aberrations sont toujours nombreuses et le travail
toujours décevant. Les prochains quatre mois ne seront pas « pure fun and
joy », mais c'est la vie non, il y a des moments de bonheur et d'autre
moment où il faut ce qu'il faut.