impressionnant à quel point il connaît tout le monde. On peut faire une
clinique mobile dans un village des plus reculés et il connaitra des gens et
en profitera pour s'informer de la situation dans le coin. Il travaille pour
notre ONG depuis que le projet a ouvert, il y a 4 ans. Avant il conduisait
de gros camions et faisait de la contrebande. Il n'aimait pas ça, il préfère
travailler pour un organisme droit et il est fier de se conformer aux
nombreuses exigences et lois que nous prônons. Il ne voudrait pas retourner
à la contrebande, vraiment pas. Monsieur E a une terre agricole aussi. Ses
enfants, sa femme et lui se partagent le travail de surveiller les boufs et
de préparer la terre pour y faire pousser du mais et des cacahouètes pendant
la saison des pluies. Après le travail, comme plusieurs autres employés, il
retourne dormir au champ pour tenir la garde. L'autre jour, il était allé
voir sa femme pour l'aider à faire des travaux sur son heure de dîner. Des
rebelles sont passés à quelques dizaines de mètres d'eux. Il a eu le temps
de saisir 3 boufs et de les attacher à un arbre. Les rebelles ne sont pas
arrêtés. On a su par après qu'ils venaient de piller un camion en provenance
de la capitale. Ils n'avaient ni l'espace ni le temps pour autre chose.
Monsieur E les a vus traverser le chemin et continuer leur chemin dans la
brousse. Ils n'étaient pas dangereux pour lui qu'il a dit. Il les
connaissait.
Monsieur J est plus jeune. Il parle beaucoup lorsqu'il est en compagnie d'
expatriés. Il dit que c'est parce qu'il n'a pas beaucoup étudié et qu'il
aime s'exercer à parler en français. Il a toujours trouvé plusieurs façons
différentes d'amener de l'argent à la maison. Monsieur J est un exemple de
système D. Il a su très rapidement qu'être chauffeur ne veut pas seulement
dire conduire la voiture ou le camion, il doit être aussi capable de réparer
et faire la mécanique. Très jeune il passait beaucoup de temps avec des
mécaniciens, des bizouneux, des réparateurs et il posait des questions. Il
les aidait et apprenait. Ses connaissances grandirent rapidement et à ce
jour il continue à s'intéresser à apprendre à tout réparer. Il a une soif d'
apprendre et est toujours disponible pour aider et faire des travaux
demandant une expertise qu'il a acquise dans ses années d'apprenti. Aussi,
il est le premier volontaire pour aider à faire un travail technique, car il
peut apprendre encore plus. Il m'a appris qu'avec un appareil photo on peut
nourrir une famille. Les gens se font prendre en photo, paient une avance et
le photographe fait développer les photos, puis les clients paient le reste
de l'argent à la réception de la photo. Sans électricité, sans ordinateur,
sans écran quelconque, les photos sont encore bien à la mode et avec les
familles éparpillées à la grandeur du pays, on cherche à envoyer des photos
des enfants au père ou à la grand-mère qui se trouve à 2 jours de transport.
Monsieur J a reçu un appareil photo d'une ancienne expatriée retournée en
Europe. Le sourire sur son visage pour le restant de la semaine valait des
millions. Il peut commencer à se faire connaitre en tant que photographe qu'
il me dit.